• Georges Rodenbach.

     Les rêves sont les clés pour sortir de nous-mêmes,
    Pour déjà se créer une autre vie, un autre ciel
    Ou l’âme n’ait plus rien retenu du réel
    Que les choses selon sa nuance et qu’elle aime:
    Des cloches effeuillant leurs lourds pétales noirs
    Dans l’âme qui s’allonge en canaux de silence.
    Et des cygnes parés comme des reposoirs.
    Ah! toute cette vie, en moi, qui recommence.
    Une vie idéale en des décors élus
    Ou tous les jours pareils ont des airs de dimanches,
    Une vie extatique ou ne cheminent plus
    Que des rêves, vêtus de mousselines blanches…
    Or ces rêves triés ont de câlines voix,
    Voix des cygnes, vois des cloches, voix de la lune,
    qui chantonnent ensemble et ne forment plus qu’une
    En qui l’âme s’exalte et s’apaise à la fois.
    De même La Nature a fait comme notre âme
    Et choisi, elle aussi, des bruits qu’elle amalgame,
    Se berçant aux frissons des arbres en rideau,
    Lotionnant sa plaie aux rumeurs des écluses…
    Voix chorale qui sait, pour ses peines confuses,
    Unifier des bruits de feuillage et d’eau!

    Georges Rodenbach.

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