• Clair de Lune.
    Votre âme est un paysage choisi
    Que vont charmant masques et bergamasques
    Jouant du luth et dansant et quasi
    Tristes sous leurs déguisements fantasques.Tout en chantant sur le mode mineur
    L’amour vainqueur et la vie opportune
    Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
    Et leur chanson se mêle au clair de lune,

     

    Au calme clair de lune triste et beau,
    Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
    Et sangloter d’extase les jets d’eau,
    Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.
    ( Fêtes galantes 1869).
    Paul Verlaine.

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  • C’était par un beau jour du bleu septembre,  silencieux, sous un jeune prunier, entre mes bras comme un rêve tendre, je la tenais, la calme et pâle aimée.

    Par dessus nous, dans le beau ciel d’été, il y avait tout là-haut un nuage, toute blancheur, longuement je le vis, et, quand je le cherchai, il avait fui.
    Depuis ce jour, beaucoup, beaucoup de mois, avec tranquillité s’en sont allés. On a sans doute abattu les pruniers

     

    Et si tu viens à me dire : » Et l’aimée? » Je répondrai: » Je ne me souviens pas ».

    Bien sûr, je sais ce que tu as pensé, Mais son visage, il n’est plus rien pour moi, Ce que je sais, c’est que je l’embrassai.

     » Et ce baiser serait en quel oubli, Si n’avait pas été là ce nuage! Je me souviens et souviendrai de lui Toujours, de lui très blanc qui descendait.


    Les pruniers peut-être ont encor fleuri Et la femme en est au septième enfant, Mais ce nuage, lui, n’eut qu’un instant Et, quand je le cherchai, mourait au vent.

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  • Ne me racontez pas comme avant des balivernes, et ne vous attendez pas à des guirlandes de rire de moi.Comme un vin amer dans votre verre je me verserai j’irai alors me recueillir et je vous sourirai.
    Et les bijoux- la probité, l’honneur, ne me les sortez pas, n’allez pas m’embrouiller la vie.

     

    Je vais jouer avec la bague à mon doigt. Je n’irai pas vous appeler, et je n’irai pas vous chasser J’irai alors me recueillir et je vous sourirai.
    Mara Zalite, poète letton.

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  • Hélas.
    Etre entraîné à la dérive de toute passion
    jusqu’à ce que mon âme devienne
    un luth aux cordes tendues dont
    peuvent jouer tous les vents.

    C’est pour cela que j’ai renoncé à
    mon antique sagesse,
    à l’austère maîtrise de moi-même.
    A ce qu’il me semble,
    ma vie est un parchemin sur lequel
    on aurait écrit deux fois,
    ou en quelque jour de vacances,
    une main enfantine aurait griffonné
    de vaines chansons pour
    la flûte ou le virelai,
    sans autre effet que de profaner
    tout le mystère.
    Sûrement il fut un temps ou j’aurais
    pu fouler les hauteurs ensoleillées,
    ou parmi les dissonances de la vie,
    j’aurais pu faire vibrer une corde assez
    sonore pour monter jusqu’à
    l’oreille de Dieu!
    Ce temps là est-il mort?
    Hélas!
    Faut-il  que pour avoir seulement effleuré
    d’une baguette légère le miel de la romance,
    je perde tout le patrimoine dû à une âme.

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  • Je vous remercie, mon Dieu, de m’avoir créé Noir.
    Le Blanc est une couleur de circonstance,
    le noir, la couleur de tous les jours.
    Et je porte le Monde depuis l’aube des temps.
    Et mon rire sur le Monde,
    dans la nuit, crée le Jour.

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  • Si nous obtenons rien qu’une miche de bon pain,
    Puis un jarret de moutons,
    Puis deux mesures de vin,
    Et si, ô jolie,
    Nous sommes tous deux en un coin de pré,
    Nous avons obtenu ce qu’aucun Sultan n’obtient.
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  • 1887-1951.

    J’avais interrogé la blanche marguerite
    Afin qu’elle me dise à l’oreille, tout bas,
    Si votre coeur, amie, à mon nom bat plus vite,
    Ou bien si vous ne m’aimez pas.


    J’avais très lentement et pétale à pétale
    Effeuillé cette fleur mourant pour mon amour;
    Chaque brin satiné de la corolle pâle
    Riait et pleurait tour à tour.


    Et lorsque le dernier, dans le vent qui voltige,
    Se fut évanoui tout au fond du ciel bleu,
    La fleurette expirant s’inclina sur sa tige,
    Et me dit  » Elle t’aime un peu ».


    Un peu! Vous le savez, vraiment cela n’est guère…
    Un peu cela ressemble, hélas! A point du tout;
    Pour que vous l’aimiez plus, que devrait-il donc faire,
    Celui qui vous aime beaucoup?
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